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Comment ça se passe un séminaire ?

Temps de lecture 5 min

On vous raconte un séminaire....

Jour 1. Le matin.

Les participants arrivent, un petit café d’accueil les attend, les gens se regroupent autour d’un mini pain au chocolat et d’un café encore bien chaud. Parfois ils se connaissent, travaillent ensemble au quotidien, parfois au contraire, ils se voient pour la première fois, même s’ils sont dans la même entreprise.

Sourires polis de part et d’autre, ça arrive qu'ils ne sachent pas bien ce qu’ils font là… Ils vont parler de management, oui… Et on leur a dit que c’était interactif alors… Mais derrière le terme interactif, tellement d’interprétations possibles… Ça tombe bien, ce « tellement d’interprétations possible », c’est le cœur de notre sujet.

Puis au bout d’un moment, on s’assoit, on se regarde, on se jauge même un peu… Ils nous voient : une femme, un homme, deux générations différentes, déjà, ils s’imaginent probablement des choses. On se présente, on leur dit comment on va travailler, pourquoi on est là, qu’est-ce qu’on fait là. C’est peut-être le moment où ils se disent : et nous qu’est-ce qu’on fait là ? Et sans plus attendre, on démarre la matinée.

Parfois, une main se lève : et nous, on ne se présente pas ? Quand je sens le groupe d’humeur taquine, je réponds par une boutade mais souvent, je réponds que si, ils vont se présenter, mais différemment, pas tout de suite, pas en faisant un tour de table en tous cas.

Cependant, la plupart du temps, les gens, à ce stade, sont dans l’expectative, ils ne savent toujours pas trop ce qui va leur arriver et donc ne posent pas de question… C’est drôle d’ailleurs à observer. Si ce n’était parce que c’est important d’installer le cadre dans lequel nous allons travailler, nous non plus on ne se présenterait pas de prime abord.

Démarre alors une première matinée où on propose une série d’exercices, dans le corps, debout, sans chaises ni tables, sans ordinateurs ni portables, on a commencé par se débarrasser de tout ça.

On expérimente tous ensemble ces jeux qui nous mettent dans un bain commun, qui va permettre de créer les conditions de ce moment de partage ludique et apprenant que nous proposons aux participants pendant deux jours.

Des exercices animés à deux voix, où ils trouvent peu à peu leurs marques, se détendent, s’amusent, comprennent qu’on ne cherche en aucun cas à les exposer, à les mettre mal à l’aise, à les évaluer, au contraire on cherche à être « en état » de se dire les choses, de travailler ensemble pour de vrai. Et c’est déjà ce qu’on est en train de faire.

Les exercices se succèdent, ils ressemblent de plus en plus à des exercices de théâtre, on joue un rôle, on sent la différence qu’il y a entre l’acteur en coulisses et celui qui entre sur scène pour nous jouer son histoire… On est presque à la fin de la matinée et sans l’avoir vraiment vu venir, ils sont prêts à jouer. Et le détour qu’on fait par le jeu devient progressivement une ligne droite vers leur quotidien, dans leur entreprise, dans leurs métiers.

On recentre sur des situations qu’ils vivent, pas si simples, de management souvent, mais plus globalement, de vie en entreprise. Le management, ce n’est pas que la Direction et les managers, le management c’est un fonctionnement de l’entreprise ou comment elle active l’intelligence collective.

La matinée se termine, ils se présentent enfin, sur scène, notre scène qu’on a fait exister au fur et à mesure entre nous dans notre salle classique de séminaire. Ils se présentent et on voit déjà émerger plein de choses, comment ils parlent d’eux, comment ils parlent de leur entreprise, ensemble ou individuellement ; quelle place ils y tiennent, non seulement par leur fonction mais par les représentations qu’ils se font de ce qu’est leur rôle à jouer dans cette entreprise.

Pause déjeuner bienvenue, on s’est déjà dit plein de choses et ils ont commencé à sentir qu’on allait aborder des problématiques qui les touchent et les animent au quotidien alors ils commencent un peu à se raconter et à évoquer des sujets… Ça échange, ça s’échauffe : alors toi aussi, tu vis ça ?

L’après-midi démarre et on leur parle de notre méthode : la Représentation - Expérience On va les faire travailler sur des situations réelles, les leurs, celles qu’ils vivent au quotidien, qui leur posent problème. Ils en feront un scénario qu’ils représenteront sur scène, puis les spectateurs auront à leur tour la possibilité de venir sur scène modifier le cours de l’histoire pour tenter de l’améliorer.

On demande : Vous pensez à des situations ? Certains en vivent plusieurs, des difficiles et ont tellement besoin d’en parler que ça déborde… D’autres ont besoin de se concentrer, hésitent, réfléchissent... Mais finalement la parole arrive ; et les voilà qui se racontent… Ils sont prêts à jouer le jeu. Sans peur du jugement. Sans confondre « faiblesse » et « difficulté ».

Je leur propose alors de se mettre par petits groupes pour échanger. Les idées fusent, ils parlent, débattent, donnent beaucoup de détails et nous devons veiller à ce que ces débats ne se transforment pas en recherche de solution, pas de « tu aurais dû faire ça, est-ce que tu as essayé de… » ; pour que leurs discussions laissent la place au jeu. Alors ils choisissent ensemble, chacun dans leur groupe, l’histoire qu’ils vont nous interpréter, histoire vraie mais dans laquelle ils ne joueront pas leur propre rôle, c’est la règle. Quand ils sont prêts, le premier groupe commence.

En scène ! Les comédiens en coulisses, action !

La représentation terminée, alors que la scène a montré une situation qui se finissait plutôt mal, ou qui ne se déroulait pas comme l’aurait voulu notre « auteur », les spectateurs viennent expérimenter leur proposition d’alternatives sur scène, directement, avec leur corps, leurs émotions, leurs sensations à l’instant T. C’est avec leur sensibilité qu’ils vont appréhender chaque situation. On est dans le vif du sujet, on passe de LA représentation sur scène, qui fait appel à leur vrai corps, leurs vraies émotions, AUX représentations qu’ils en ont. C’est comme ça que nous les faisons travailler.

Dans la continuité des expérimentations, à un moment, parce qu’il n’y a plus d’autres idées pour jouer ou encore parce que le débat commence à s’animer hors scène, nous passons à la troisième étape du travail : le décodage, qu’on commence « à chaud ».

On leur pose toujours la même question, rituelle : finalement, tout ce qu’on vient de voir, maquette et alternatives confondues, de quoi ça parle ?

Dans ce décodage « à chaud », nous les guidons pour qu’on porte notre attention non pas sur leurs comportements, leurs attitudes, mais sur ce qu’ils ont tenté de faire évoluer. On ne les questionne pas sur le comment mais toujours sur le pourquoi. Qu’est-ce qu’ils n’ont pas pu se dire dans cette scène ? Qu’est-ce qui empêche la parole, la bloque ? Quelles croyances ? Quelles sensations ? Quelles émotions ont-ils ressenti ? Quelle représentation du monde guide leurs comportements ? Et avec une réelle concentration, avec force, véhémence parfois, curiosité toujours, nous décodons ensemble ce qu'ils nous ont montré. Et la journée s’achève par l’esquisse d’une première grille de lecture définie en fonction des thèmes que nous avons abordés.

Jour 2. Le matin.

Le lendemain nous retrouvons nos participants qui généralement, en riant, nous racontent qu’ils sont tombés de sommeil la veille ! Et oui, on a mené ensemble un travail qui fait appel au corps et à l’esprit et bien que ludique et léger en apparence, il vient faire appel à des zones que beaucoup n’ont pas l’habitude d’utiliser au travail. Alors c’est éprouvant !

Ce deuxième jour, on ne se regarde déjà pas de la même manière, ça se sent au café, on sent une certaine proximité, entre eux et avec nous aussi. La plupart n’ont même pas tenté de sortir leur ordinateur, ils ont bien compris qu’on avait besoin de toute leur attention !

On s’échauffe à nouveau, comme la veille, pour sentir son corps, se reconnecter à soi et au groupe et vient le temps du décodage « à froid ». Cette fois, on ne va pas chercher simplement à réfléchir sur ce qu’ils ont montré la veille dans leur scène (ce qui était l’objet du décodage à chaud) mais sur ce qu’ils ont vécu dans la journée entière : qu’est-ce qui reste présent pour eux, ici et maintenant, sans effort de mémoire... Et toujours portés par nos échanges, nous basculons vers une analyse plus poussée qui vise à discerner de manière plus fine les problématiques qu’ils évoquent et que nous avons perçues. C’est un moment clé d’approfondissement et de découverte des concepts qui sous-tendent nos décodages.

La journée se poursuit, un deuxième groupe passe et on recommence les explorations, les expérimentations mais cette fois, on sent dans leur manière d’aborder les problématiques que quelque chose a bougé dans leurs perceptions. On n’a pas cherché à leur dire ce qu’il faudrait faire et du coup, ils font comme ils peuvent mais avec en tête pourquoi ils tentent cette proposition. Et on peut continuer le décodage à chaud puis à froid, plus en profondeur à chaque fois mais toujours à l’écoute du rythme du groupe, qui est unique à chaque séminaire.

Cette deuxième journée se termine souvent par un exercice corporel. Ils vont montrer avec le corps l’état dans lequel ils terminent cette journée et avec quoi ils repartent. Certains en profitent pour glisser un clin d’œil à l’un ou l’autre des animateurs, ou même à un collègue voire à leur direction… D’autres expriment questionnements, enthousiasme, surprise, interrogations, passion, amusement… C’est en tous cas toujours un riche moment de partage et de créativité.

C’est fini. On est à nouveau assis face à eux, on se regarde, on sait que c’est la fin d’une première étape de notre accompagnement. Parfois ça s’arrêtera là, parfois c’est le commencement de quelque chose de plus long. Alors on clôture le séminaire en leur demandant s’ils veulent ajouter quelques mots de ce qu’ils gardent de ces deux jours et avec quoi ils repartent. Celui qui aura demandé la veille : et nous on ne se présente pas ? ne manquera pas de nous demander : et vous?... Et cette même personne aura le sentiment que la veille est déjà tellement loin, tant le chemin parcouru est grand. Mais ce sont surtout des mots qui ressortent : "partage d’expériences", "parler vrai", "un moment de prise de recul", "des concepts qui aident à décoder les situations difficiles", "l'importance du cadre, de l’œuvre", "beaucoup de plaisir à participer à ces deux jours"... Et comme pas d’apprentissage sans plaisir, nous, ça nous va bien ! On se sourit, franchement, on se serre les mains, on s’embrasse parfois, on se dit de toutes manières à bientôt…

Texte écrit par Natacha Moget.

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